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22 février 2024 4 22 /02 /février /2024 15:29

L'intelligence artificielle et autres inepties remarquablement dénoncées par l'astrophysicien Aurélien Barrau. Un moment jubilatoire et respiratoire !

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14 février 2024 3 14 /02 /février /2024 13:21

Elle appuie fort ses mains, ferme les yeux, dit la formule et le mur tremble. Sur les feuilles de pierres s’écrivent des paroles. Chancelle la matière. Une chaleur incurve la droite des rigueurs. Si les mots sont occultes, elle choisit ceux-là qui gardent l’origine. L’instinct guide son sang et rince son regard. Elle touche le vrai qu’elle ne connaît pas et qu’elle reconnaît au ploiement de la nuque vers les images belles. Aimer brise le doute et gomme l'acéré. Du bleu du feu blanchi, crissent des soies qui tombent comme chutes de sables. Elle en fait des châteaux, des passerelles. Elle en fait un archet pour convaincre la vie. Chaque arbre est son violon. Rien ne lui cache les immenses. Elle touche le roc, elle apprend la matière. Au portail des peurs, sur les jours effrités, quand, à la même table, confiance et trahison soutiennent son regard, elle ne cille pas. Si chaque homme qui meurt est un pas solitaire, elle dit que les pas arrivent au soleil. Elle appuie fort ses mains. Elle appelle la louve, la jamais capturée. Et du ventre des terres monte son chant puissant. Une femme debout.

 

Ile Eniger - Le bleu des ronces - © Éditions Chemins de Plume

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7 février 2024 3 07 /02 /février /2024 12:51

Michel Boucault et les Éditions Le Libre Feuille présentent leur catalogue. J'ai le grand plaisir d'en faire partie avec trois ouvrages : Le désir ou l'italique du jour - Une ortie blanche - Peu de chose - Pour voir le catalogue, cliquez sur 'Télécharger'

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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 18:13

Les mots viennent, ils disent plus qu’écrire. J’écrirais même si personne ne me lisait. Ce qui m’importe, c’est ma part d’être. Une goutte d’eau ne demande rien, ni son devenir ni sa fonction. De même la pierre, l’arbre et tout ce qui fait la vie. Le sommeil du chat me fascine davantage que les circonvolutions ineptes de la Bourse. Je m’éloigne des avoirs, des paraîtres, ces choses inutiles et perverses qui fabriquent des mises en scène, des esclavages et produisent de douloureux engrenages. Leur vide colporté sidère. Comme le loup, je me méfie des hommes. La récurrence des saisons et leurs graines m’est source inépuisable comme l’air et l’eau. Jubilation. J’écris de riens, de choses élémentaires qui relient. Vivre s’aboutit de ses choix, pas de discours, de possessions ou d’apparences. Vivre laisse venir ce qui est. Aujourd’hui c’est la pluie, elle met entre parenthèses mes projets de jardin. Il me plaît qu’elle soit ainsi, vivante.

 

Ile Eniger - La maison dans les airs - © Éditions Chemins de Plume

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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 15:40

 

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29 janvier 2024 1 29 /01 /janvier /2024 12:16

doucement

comme une fleur de silence

sans corde de rappel

dans le sonore des vallées et contre l’éventualité de l’ombre

je me fabrique la peau des lendemains

 

Barbara Auzou (sur : Lire dit-elle)

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28 janvier 2024 7 28 /01 /janvier /2024 16:22

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22 janvier 2024 1 22 /01 /janvier /2024 11:58
Tableau Émile BELLET - Texte René CHAR

Ma renarde, pose ta tête sur mes genoux. Je ne suis pas heureux et pourtant tu suffis. Bougeoir ou météore, il n'est plus de cœur gros ni d'avenir sur terre. Les marches du crépuscule révèlent ton murmure, gîte de menthe et de romarin, confidence échangée entre les rousseurs de l'automne et ta robe légère. Tu es l'âme de la montagne aux flancs profonds, aux roches tues derrière les lèvres d'argile. Que les ailes de ton nez frémissent. Que ta main ferme le sentier et rapproche le rideau des arbres. Ma renarde, en présence des deux astres, le gel et le vent, je place en toi toutes les espérances éboulées, pour un chardon victorieux de la rapace solitude.

 

René Char - Extrait de "Fureur et mystère"

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20 janvier 2024 6 20 /01 /janvier /2024 18:55

Je n'ai pas pour habitude de hurler avec les loups ni d'adhérer à un parti ou à un autre, je tiens beaucoup trop à mon indépendance, mon libre-arbitre et ma liberté de pensée. Je crois également qu'un minimum de réflexion et de bienveillance devrait guider chacun de nos actes et si je me permets ici de parler de la polémique que suscite le parrainage de Sylvain Tesson au Printemps des Poètes, c'est que je trouve ahurissant d'imbécillité que ce qui devrait être un rassemblement autour de la dimension absolue de la Poésie sous toutes ses formes, tourne, à cause d'une polémique absurde, en eau de boudin.

 

Que l'on se confronte, que l'on veuille débattre, que l'on échange des points de vue, je suis pour, exit la pensée unique ! Mais que l'on procède au lynchage d'un individu parce que quelques-uns décident, sur des arguments fallacieux, de le démolir, là, les bras m'en tombent. De gauche, comme de droite, quand la politique se met aux commandes de l'Art, on sombre en pleine hérésie ! 

 

Que la même polémique grotesque s'enfle enfin encore sur le bien-fondé d'avoir élu un parrain "qui n'est pas poète", là cela devient diffamatoire. Sylvain Tesson a pourtant bel et bien une écriture émaillée de poésie, et j'engage ses détracteurs à lire ou relire ses textes où certaines fulgurances poétiques en remontreraient à beaucoup de ceux qui se revendiquent poètes !

 

Ne nous y trompons pas, mon propos n'est pas de défendre bec et ongles cet écrivain, que j'ai lu, certes, mais que je ne connais pas suffisamment pour être pour ou contre. Je dis simplement que c'est un excellent écrivain, un poète de surcroît, qui pratique sa vie comme il l'entend loin des standards sociétisés avec une liberté d'être qui peut-être, si elle en défrise certains, ne les regarde cependant pas.

 

Donc, que l'intelligentsia autoproclamée se permette de dégommer quelqu'un par une pétition malvenue, sous le prétexte qu'il ne convient pas à la pensée ambiante, cela me semble affligeant et d'un tel autoritarisme que j'ai envie de dire combien cela me désole.

Ile Eniger

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17 janvier 2024 3 17 /01 /janvier /2024 15:47
Elle a quitté les remous de la ville, les remugles bourgeois, les certitudes inutiles, le ronflement des ego, les agitations rassurantes, la carotte devant l'âne. Elle a abandonné tous les débats. Ni plus ni moins qu'herbe, caillou, souffle d'air, chemin d'eau, elle va sa vie de simple vivante. Elle n'a gardé que quelques belles décisions avec lesquelles, chaque matin elle cire l'entrée du jour pour qu'il épouse la lumière. Elle va en silence habité, aux chants d'oiseaux, à la source. Elle est de ceux-là qui aiment. Elle est si légère maintenant, ses pas marquent à peine la neige. Elle ne cueille plus les fleurs et chaque printemps s'approche sans crainte de sa maison petite. Un bleu de Provence conduit son ciel et son regard. Apaisée dans la buée du temps qui porte la vie, de plus en plus souvent, elle sourit.
 
Ile Eniger - L'ordinaire des anges - (à paraître)
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15 janvier 2024 1 15 /01 /janvier /2024 10:50

J’ai hâte que les oiseaux reviennent recoudre les nuages, les outardes, les oies blanches, les bernaches. Je reste seul en compagnie des chaises. J’écris avec la soupe à l’alphabet, un potage d’images où l’os prédomine. Quelques virgules suffisent pour relever la sauce parmi les bouts de viande et les morceaux de phrases. De la lumière s’ajoute aux feuilles, du miel aux abeilles et du ciel aux rivières. J’ai jeté mes cigarettes. Je ne fais plus de signaux de fumée en grillant des clopes, je me contente du mégot des mots, de la braise des phrases. J’allume la parole avec un stylo Bic, son encre à pointe fine, son alphabet mouillé, ses adverbes rouillés.

 

J’ai hâte de retrouver mon loup, les chevreuils et leur chapelet de crottes, la course des lièvres, les écureuils courant à l’envers des branches, croquant des noix sur la pelouse, le poil roux des tamias, mes gestes et ma cabane dans le bois, l’intelligence des érables, la tendresse des bêtes, l’alphabet des plantes, la sagesse des pierres, la fraîcheur des ruisseaux. Je suis en beau calvaire devant la condition du monde, la cruauté des guerres, le sang versé des hommes, la pauvreté du cœur.

 

Les bras du monde rembobinent leurs veines, la colline ses torrents, la forêt ses sentiers. Mes souliers débobinent leurs pas. Je mets la table où ma blonde n’est pas. Elle n’est pas loin, presqu’à portée de main. Elle bouge dans la pièce d’à côté où je n’ai pas accès. Son regard me scrute. Elle respire dans le souffle du vent. C’est pour elle que j’écris et mes petits-enfants.

 

Je rêve d’un arbre pour les oiseaux, de céréales pour le pain, de vignes pour le vin, de contes pour les enfants qui se fabriquent des jouets avec des bouts de rien, des boutons de chemise, des trombones, des clous rouillés, des planches vermoulues. J’attends que remonte la ligne d’horizon, que le soleil y boive entre les écrevisses et les paumes terreuses.

 

Les yeux ouverts de l’homme peuvent aussi voir la nuit. Ouvrant les ailes de mes mains, je quête des caresses. J’enquête sur les choses. Je butine les roses comme une abeille d’encre sur un champ de papier. Je suis un géographe des brindilles, un ramasseur de rien. Le rêve et le réel s’unissent pour broder l’infini.

 

Jean-Marc La Frenière (Québec - 1948/2023) - Extrait de "Le bord de la nuit" (inédit) © (texte et photo) Éditions Chemins de Plume.

 

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Auteur : Ile Eniger - "La liseuse" tableau d' Emile Bellet

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